"Villa Bini" de Serena Gentilhomme
Serena Gentilhomme, Villa Bini, Paris, L'Harmattan, 1997
Certains romans vous donnent un sourire au coin des lèvres du début à la fin (à défaut de pouvoir garder un sourire large tout le long, c’est physiquement impossible !). Villa Bini fait partie des ces romans. A la fois tendre et vachard, sombre et lumineux. Un roman entre deux mondes : le réel et le fantasme. Un humour noir bien ciselé que les Anglais adoreraient s’ils pouvaient lire le français. Une milieu qui ne m’est pas étranger : Un étudiant (Ghislain Daroy) est convié par sa directrice de recherche (Lucida Bini) à assister à une conférence à Florence chez l’universitaire. Mais le pauvre étudiant ne se doute pas de ce qui l’attend dans cette villa italienne au pièces les dérangeantes... Il pourrait largement abuser de ce slogan “je ne suis qu’un étudiant, sortez-m oi de là !”. Ce pauvre petit bisontin aux prises de personnages sortis quasiment tout droit de La famille Adams.
On notera, d’ailleurs, l’étrange ressemblance entre les siamoises Flora et Fauna Amore et les deux siamoises du roman Beatrice et Fiammetta “Beatifiam” Oblati ! un quelconque rapport ?), une Lucida Bini fantôme, une princesse/bibliothécaire sentimentalement naïve, des congressistes joueurs. Une gouvernante et un économe des plus étranges. Sans parler de la famille du jeune Daroy, un lourd passé très actif comme un épée de Damoclès branlante au dessus de lui et de sa conscience.
Une première œuvre qui mêle énigmes dans le style du Da Vinci Code qui tortureront le pauvre Ghislan jusqu’à même le perdre dans les abîmes de cette villa et une quête des plus perturbantes : jusqu’où iront-ils, jusqu’où pourra-t-il aller et supporter un monde qu’il croit hostile !
Un roman qui finalement ressemble quelque peu à son “auteure”, concitoyenne et amie. On trouve, d’ailleurs, quelques similitudes avec le personnage de Lucida Bini. Même si au final les deux êtres sont physiquement très différents, il m’est très difficile de ne pas imaginer Serena* sous les traits de Lucida. D’ailleurs on pourrait demander à l’auteure à qui a-t-elle pensé en croquant son personnage. Et même les autres…
Petite pensée du livre :
"Le rabâchage et le radotage sont les deux mamelles de la pédagogie." (p. 28)
Pour ceux qui rêve d'un autographe de l'artiste en personne...!
Bref, tout ça pour dire que j’ai adoré ce roman, le premier de son auteure, la plus française de toute les italiennes ! Et même, je dirais que la seconde lecture est meilleure que la première ! Longue vie donc à Villa Bini qui d’après certaines informations serait en travaux : réfection ou agrandissement ?
Viva la Villa, viva Serena é viva l’Italia !
Serena Gentilhomme :
Sa page web
Sa bibliographie
Pour ceux qui auraient manqué tout un pan de la carrière littéraire de Serena Gentilhomme, certaines de ses nouvelles sont généreusement disponibles en ligne :
Racine de 2h sur g (2000)
Main de gloire (juillet 2000) (autre site)
Entre femmes (juillet 2000)
Anywhere [extrait] (décembre 2001) (autre site avec version intégrale [daté de avril-juilet 2000])
Fou dessein (2003)
* Pour une fois que je peux appeler une écrivaine par son prénom je ne vais pas m’en priver. On m’avait assez reproché l’année de mon bac d’avoir évoquer Nathalie Sarraute en l’appelant par son prénom, au grand étonnement de ma prof de lettres de l’époque : “Ah bon! Vous la connaissez?”. Là, pour le coup, OUI, je la connais, et toc !!! (Je devrait bien lui envoyer la note, rien que pour l’embêter un peu!).